Du discours de M. Elle Aristide Astruc, grand Rabbin de la circonscription de Bayonne :
« …Grâce à Dieu, la Révolution a replacé la société sur ses véritables bases : La Loi et le Droit… Le peuple apôtre, malgré les divisions qui le déchirent, impose la loi nouvelle à ses ennemis du dedans et contraint ses ennemis du dehors à reconnaître son droit de disposer de ses destinées… C’est en vain …Plus
Du discours de M. Elle Aristide Astruc, grand Rabbin de la circonscription de Bayonne :
« …Grâce à Dieu, la Révolution a replacé la société sur ses véritables bases : La Loi et le Droit… Le peuple apôtre, malgré les divisions qui le déchirent, impose la loi nouvelle à ses ennemis du dedans et contraint ses ennemis du dehors à reconnaître son droit de disposer de ses destinées… C’est en vain que les forces du passé se mettent en travers du progrès et tentent d’attiser les haines. La nation apôtre illumine les esprits…
Les idées de 1789 peuvent être reniées un moment, mais pas plus que celles de la Bible dont elles sont l’expression puissante, elles ne peuvent disparaître… »
Du discours de M. le Rabbin Aron au Temple israélite de Lunéville :
« Avant 1789, qu’étions-nous ? rien sinon le jouet d’un despote. Ballottés à tous les vents, n’ayant quelquefois point de lieu où reposer la tête. Avec le 5 Mai 1789, digne pendant de la Révolution sinaïque dont nous célébrerons bientôt le glorieux anniversaire, ce tableau, aux ombres noires et profondes, change tout à coup. Sans doute, le 5 Mai ne termine pas notre émancipation totale, mais qu’importe, il la prépare. Le 5 Mai, la déclaration des droits de l’homme est proclamée ; cette charte immortelle, ce Décalogue moderne, ou mieux ce Décalogue amplifié de l’humanité, est désormais buriné dans tous les cœurs ; comme un second Moïse, la France le présente au monde ; le 27 septembre 1791, les Israélites sont appelés citoyens français…
Le Midrasch nous raconte le bouleversement de la nature au jour de la Révolution sinaïque. Un spectacle semblable s’offre à nous en 1789, dans le monde moral. Regardez : à l’horizon, montent comme des nuages de poussière ; un vent se lève rapide, impétueux ; le ciel se couvre d’un voile sombre ; aux longues et lugubres rafales, succèdent les éclats d’un foudroyant orage ; les arbres se tordent et se déracinent ; le sol s’agite ; la nature entière est en proie à une effroyable convulsion ; les montagnes, comme prises de vertiges, vacillent sur leurs fondements et de leurs flancs entrouverts s’échappe, menaçant et terrible, un torrent qui ne laisse rien debout, un torrent qui féconde et détruit, détruit et féconde.
Derrière lui des ruines et encore des ruines, ruines de tous les préjugés, de toutes les injustices, de tous les abus ; ruines de l’arbitraire, effondrements de toutes les barrières, séparant l’humanité en deux camps, ici les élus, là les opprimés ; fracas d’une société qui tombe et sur les ruines entassées, l’érection d’un Temple majestueux, le Temple de l’humanité et au faîte de ce Temple, de cette maison de paix, flottant en a plein air et à tous les vents, le glorieux drapeau de la grande Révolution française avec cette trilogie inoubliable : Liberté pour tous, Égalité pour tous, Fraternité envers tous. Noble et belle terre de France qui as eu l’honneur d’inscrire cette admirable devise, à toi notre sang et notre vie ! »
Du discours de M. Bloch, grand rabbin de l’Algérie :
Une longue litanie des instruments anti-France , des faits jusqu'à notre nouvelle civilisation .
« Le mouvement de rénovation qui commença à notre époque et qui prit le nom de Révolution française fut comme un soleil vivifiant pour tous les opprimés de la terre ; mais ce fut Israël qui en profita le plus… Les Juifs de France, pressentant que la fin de leur humiliation séculaire était proche, acclamèrent les idées nouvelles. Conduits par des chefs prudents et dévoués, les Cerf Berr, les Furtado, les Gradis, ils portèrent leurs revendications devant cette assemblée énergique et fière… Ils ne triomphèrent pas sans combat.
Il y avait les fanatiques, qui ne pardonnaient pas à la race maudite, les pusillanimes, qui redoutaient de voir les Juifs, une fois libres, tout envahir et tout accaparer. Grâce à elle (la Révolution française), Israël n’est plus ce vagabond épique de la légende populaire, qui parcourt la terre sans trêve ni repos, la tête courbée sous la malédiction de Dieu, avec la misère pour compagne et l’anéantissement final pour unique espérance ; Israël a est un semeur colossal qui s’avance le front auréolé par un reflet du Sinaï, dans l’incommensurable champ des siècles. Chacune de ses enjambées mesure des centaines et des centaines d’années. A chaque mouvement de sa main puissante, il dépose dans le sillon un germe de vérité, qui lèvera et mûrira derrière lui.
Il se met en marche et le génie d’Ezra rajeunit le mosaïsme altéré. Il se tourne à droite, et voici le Christianisme spiritualiste qui se révèle aux païens réconciliés ; il se tourne à gauche, et c’est l’Islam qui surgit, recueillant et propageant sa doctrine monothéiste. Puis arrive la Réformation de Luther, qui ramène à leur simplicité primitive les croyances obscurcies et puis ce mouvement prodigieux dont nous célébrons aujourd’hui le premier centenaire… »
Du discours de M. Emile Cahen (grand Rabbin de la circonscription consistoriale de Lille) :
« Célébrons-le avec bonheur, ce jour à jamais l’immémorable (sic), où, avec la réunion des États-Généraux, de sublimes vérités se gravèrent en traits ineffaçables dans la conscience de notre France bien-aimée !
Chantons avec amour cette époque bénie, où sur les épaisses ténèbres de la féodalité, vint à passer un torrent de lumière dont l’éblouissant éclat se répandit sur les contrées les plus arriérées de l’Europe ! Glorifions-la, cette page inoubliable de l’histoire moderne… !
Exaltons l’énergie virile, le courage moral, la majestueuse indépendance de vues dont les Clermont-Tonnerre, les Mirabeau, les Sieyès, les Duport, tous vaillants lutteurs de l’Assemblée nationale, firent preuve en faveur des Israélites… ! »
(Suit la peinture de la condition lamentable des Juifs pendant de longs siècles.)
« Mais la lumière apparaît à son tour. Autour de cette masse flottante d’hommes égarés, aveuglés par les préjugés ou l’ignorance, brille la noble pléiade des grands penseurs du XVIIIè siècle, fanatiques de droit et de justice. Livrés à l’étude attentive des siècles écoulés, ils en dénoncent les hontes et les coupables méfaits… Sous leur impulsion féconde, la science des religions établit que le Juif n’est pas ce qu’un vain peuple pense ; qu’à lui revient une grande part dans les progrès de l’astronomie, de la médecine, dans la renaissance des lettres et des arts ; que par lui s’est conservé précieusement ce grand dogme de l’unité de Dieu, entouré de ses lumineux satellites : l’amour du prochain, le culte de la famille, le respect de la propriété, de la vie, de l’honneur de ses semblables, la tolérance, le travail…
Ah ! si sur cette terre classique de la fraternité, d’abominables doctrines, d’odieuses théories ont essayé, dans ces derniers temps, de faire germer au fond des âmes de mesquines jalousies ou d’ardentes fureurs… Rassurez-vous, mes Frères, le Génie de la France veille sur nous. Il ne laissera pas compromettre par d’ignobles pamphlets, cette œuvre gigantesque de 1789. »
De l’Allocution de M. le Rabbin Kahn au Temple Israélite de Nîmes :
« 1789 ! Ah ! mes frères, quelle grande date dans l’histoire du Judaïsme ! 1789 ! C’est la fête de notre délivrance, l’anniversaire de notre émancipation sociale ; c’est notre sortie d’Egypte, c’est notre Pâque moderne. »
De l’Allocution de M. Rabbin Korb au Temple Israélite de Nantes :
« L’établissement des Israélites en France remonte à près de vingt siècles. Le génie français est naturellement franc, loyal, hospitalier… Aussi le Judaïsme en France ne tarda-t-il pas à briller d’un vif éclat… Puis vint l’époque des Croisades. Le fanatisme religieux battait son plein. En même temps qu’il précipitait des hordes innombrables sur l’Orient, il semait en Europe la misère et la mort. A partir de ce moment, le sort des Israélites devint de plus en plus misérable… Enfin, depuis longtemps préparée par les écrits des philosophes hardis du XVIIIè siècle, éclata la grande Révolution française… Aussi en tout lieu où bat un cœur Israélite, la France compte un ami. »
De l’Allocution de M. le grand Rabbin Alfred Lévy au Temple consistorial de Lyon :
« Il est une vertu que l’Israélite possède à un a haut degré, qu’il a cultivée à toutes les époques de son histoire et qui lui a été particulièrement recommandée dans les Saintes Écritures, c’est la reconnaissance… Que Dieu, mes frères, protège la France ! Qu’il bénisse cette grande initiatrice des peuples ; qu’il lui permette de demeurer toujours à l’avant-garde du progrès, de poursuivre en paix ses glorieuses destinées…»
De M. le Rabbin Emile Lévy de Verdun :
« Un siècle s’est écoulé depuis que le droit et l’humanité ont élevé leur voix éloquente en notre faveur. Israël a fait des pas de géant dans la carrière qui s’ouvrit devant lui… Sur tous les champs offerts à son activité, il arrive rapidement au premier rang… Notre pays n’a pas de citoyens plus fidèles, notre patrie n’a pas de défenseurs plus intrépides, la France d’enfants plus dévoués. »
Du discours de M. le Rabbin Mossé à Avignon (très dithyrambique) :
« Combien d’enfants d’Israël ne se sont pas illustrés dans toutes les carrières depuis un siècle !… Leur succès a été immense, grâce à leur infatigable et patriotique ardeur, à leur admirable persévérance… Ne prononçons qu’avec une respectueuse admiration les noms illustres des Rothschild, dont la fortune colossale, qui. a pour origine la probité, seconde puissamment, quand il le faut, les peuples et les gouvernements ; revendiquons fièrement les Goudchaux, les Crémieux, qui, à des époques de crise suprême, ont tenu sagement dans leurs mains les destinées de la patrie !… Oublierons-nous Osiris le grand philanthrope qui excite, à cette heure, par sa patriotique générosité, l’admiration et la reconnaissance de la France entière ?… »
De l’Allocution de M. Armand Bloch au Temple Israélite de Toul :
« En très peu de temps l’Israélite français s’est élevé au niveau moral et intellectuel de ses concitoyens. Il s’est assimilé, avec une rapidité prodigieuse, les mœurs, les usages, la langue de sa nouvelle patrie… »
Du discours de M. Moïse Netter, Rabbin de Saint-Étienne :
« Oui, mes frères, si tout à coup par une catastrophe quelconque, le souvenir de la Révolution se perdait dans la mémoire des hommes, sans qu’aucune mention en subsistât nulle part, l’historien, le philosophe et le moraliste en démontreraient facilement l’existence par les changements profonds et féconds qu’elle a opérés dans le monde, à l’exemple d’un de nos plus illustres savants qui a démontré, par l’aspect du ciel et le calcul, l’existence d’une importante planète, même avant qu’elle n’ait été aperçue dans le champ du télescope. »
Daniel Kimon – La guerre anti-juive (1897 du site bibliothèque de combat